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Microchimérisme maternel : quand l’enfant transforme la mère

Dernière mise à jour : 2 juin

cellules foetales image macroscopique

Ce que tu portes encore, longtemps après la naissance


Tu le sens peut-être sans pouvoir l’expliquer. Depuis que tu es mère, quelque chose a changé dans ton corps. Une transformation intime, physique, durable.

Ce n’est pas qu’une sensation. C’est un fait biologique : des cellules de ton enfant vivent encore en toi.

Pendant la grossesse, une partie infime de ses cellules passe à travers le placenta. Elles migrent, s’installent dans différents organes : ta peau, ton sang, ton cœur, parfois ton cerveau. Ce phénomène porte un nom : le microchimérisme fœtal.

Et il ne s’agit pas d’un échange à sens unique. Toi aussi, tu lui transmets des cellules. Des cellules maternelles ont été retrouvées dans les tissus des nourrissons, notamment dans leur système immunitaire, contribuant à leur défense dès les premières semaines de vie.


Donner la vie, oui. Mais aussi la recevoir


Être mère, c’est porter, nourrir, aimer. Mais c’est aussi recevoir.

Des recherches récentes ont révélé que certaines de ces cellules fœtales sont des cellules souches. Autrement dit, elles ont la capacité de se transformer en différents types cellulaires, selon les besoins du corps maternel.

C’est ce qui permet à certaines femmes de récupérer plus facilement après un infarctus, une blessure hépatique ou même une intervention chirurgicale.


Dans le cas d’une césarienne, par exemple, les cellules de ton bébé ont été retrouvées en pleine activité dans la cicatrice, produisant du collagène, participant activement à la reconstruction des tissus.

Des chercheurs parlent même de "cure de jouvence cellulaire" : une forme de rajeunissement local, déclenchée par la présence de ces cellules jeunes, dynamiques, adaptables.


Une présence qui traverse les générations


Et cela va encore plus loin. Si tu as une fille, certaines de tes cellules vivront peut-être demain dans ses enfants. Car cette circulation cellulaire peut traverser plusieurs générations. Tu portes encore des cellules de ta propre mère. Ton enfant porte les tiennes. Et ainsi de suite.


Judith Hall, généticienne canadienne, disait :

“Vous pensez que votre mère est toujours sur votre dos ? Elle pourrait bien être dans votre dos.”

Cette forme d’héritage bouleverse notre vision de la parentalité. Comme le dit la philosophe Margrit Shildrick :

“La mort n’est pas la fin absolue.”

Et si ton bébé n’est pas né…


Si tu as vécu une interruption spontanée de grossesse, une IVG ou une IMG, tu portes peut-être encore des cellules de cet enfant.

C’est infime. Invisible. Mais réel.

Ces cellules peuvent rester présentes dans ton corps pendant des années. Et pour beaucoup de femmes, cela représente une trace, un lien, une mémoire organique de cette vie, même très brève.


Pourquoi les hommes ne bénéficient pas du microchimérisme de la même façon


Le microchimérisme est un privilège du corps maternel. Parce qu’ils ne portent pas la grossesse, les hommes ne reçoivent pas les mêmes cellules régénératrices. Cependant, eux aussi peuvent porter des cellules de leur mère – voire de frères et sœurs aînés, via la transmission utérine indirecte.


La science explore aujourd’hui ces pistes : des transferts de cellules similaires sont étudiés pour traiter certaines maladies, comme les leucémies ou les troubles auto-immuns. Des essais cliniques testent des transplantations de cellules fœtales pour réparer des tissus endommagés, avec des résultats prometteurs en immunothérapie et médecine régénérative.


Une mémoire inscrite dans la chair


Contrairement aux souvenirs qui s’effacent, ces cellules restent. Elles ne parlent pas, mais elles agissent. Elles veillent, réparent, influencent l’immunité, soutiennent parfois la guérison.

Et ce que la science confirme aujourd’hui, tu le savais peut-être déjà, au fond de ton ventre.



Lien avec l’haptonomie et la mémoire cellulaire affective


L’haptonomie, est une approche corporelle qui permet aux parents de communiquer avec leur bébé pendant la grossesse. Elle rejoint cette idée d’intelligence du ventre.

Ce que tu ressens dans ton corps est souvent en avance sur ce que la science démontre.

Ce lien cellulaire n’est pas qu’une donnée biologique : il est affectif, incarné, vécu. Les mères le perçoivent bien souvent, intuitivement.

L’haptonomie vient révéler ce lien, le faire émerger à la conscience.

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